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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/279

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VIERGES EN FLEUR

grès fatal de mon amour. Cette unification dont je vous parlais, d’une vivante avec une morte, effacée dans le recul du temps, cette unification s’agrège, se consolide, se parfait. Et maintenant j’ose souhaiter le baiser de celle qui pour moi est Marie. Quelque temps encore et je me risquerai sans crainte de dissiper la belle féerie bleue, à dire mon amour.

Enfin, Philbert éprouva les curiosités avides qui sont caractéristiques en tels cultes amoureux, voués aux femmes d’autrefois.

Lui-même se comparait à un vieux gentilhomme dont jadis il avait été l’intime et en qui il avait pu observer une semblable passion pour une idole éteinte.

Ce gentilhomme, M. de Nalys, s’était féru, dans une fin de vie consacrée à l’étude, de l’image de Marie-Antoinette. La gracieuse bergerette de Trianon le hantait. Ce n’étaient chez lui que tableaux, estampes, miniatures où étaient reproduites les gentillesses mignardes de cette tête que le couteau des patriotes trancha stupidement. Et afin que sa tendresse rencontrât la douce illusion de quelque exactitude, M. de Nalys avait placé tous ces portraits parmi une reconstitution érudite de leur milieu. Il avait une salle bucolique où étaient réunis les portraits qui rappelaient les beaux jours de Trianon. Les