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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/299

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VIERGES EN FLEUR

villa des Glaïeuls à cause de Marie-Reine que la bruyante gaieté des compagnons de table afflige : elle préfère le calme, le silence, l’isolement…

— Mademoiselle est donc malade ?

— Malade ?… Oui… c’est-à-dire… vous ne savez donc pas, monsieur ?

— Je ne sais rien, madame. Mais j’ai remarqué depuis longtemps le deuil et la tristesse de votre jeune fille.

— Voilà deux ans, monsieur, deux ans qu’elle est ainsi. Elle me désespère. Ni le temps, ni les voyages, ni toutes les distractions que l’on m’a conseillés pour apaiser sa peine, n’ont pu l’atténuer. Sa souffrance est toujours aussi vive, aussi forte…

— Sa souffrance ?…

— Ah ! vous ne savez pas… Votre ignorance m’étonne, car tout le monde, à Roscoff, connaît notre malheur. Il y a deux ans, Marie-Reine fut fiancée : un jeune homme, que nous avions connu à l’hôtel des Bains, se fit aimer de mon enfant, lui promit le mariage, puis après un mois d’assiduités et de cour, disparut… Ces petites aventures arrivent tous les jours, et les jeunes filles qui sont victimes de ces lâches abandons se consolent facilement. Marie-Reine, après le départ de celui qu’elle avait aimé de