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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/32

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VIERGES EN FLEUR

assez bien la théorie et la pratique. Mais quiconque veut se donner la peine d’étudier, d’observer, de travailler, peut devenir aussi savant que moi. Engluer une femme, l’attirer au baiser, c’est facile, l’abbé. Les plus réfractaires et les plus récalcitrantes, on les enveloppe, on les trouble, on les conquiert sans trop de peine ; car pour les plus rebelles, l’heure du berger sonne au moins sept fois par jour ; l’essentiel, voyez-vous, c’est d’arriver à l’heure précise. On n’a qu’à faire un signe : la dame vous attend !

— Ainsi vous ne vivez que pour…

— … Faire l’amour ! Et je m’en glorifie ! Le jour où je serai caduc, impuissant ou trop laid je prendrai le rapide pour un monde meilleur.

— Impie !

— Non, je suis un croyant ; mais mon dieu, c’est Eros !

Après un silence :

— Nous arrivons, dit l’abbé. Voici Plouaret. Nous allons descendre et prendre le train qui nous conduira en vingt minutes à Lannion.

Plouaret.

Parmi les voyageurs s’agitant et grouillant, Philbert reconnut la jeune et jolie dame aperçue, désirée, à la gare de Saint-Brieuc ; elle s’installait dans une voiture du chemin de fer de Lannion. Il se précipita près d’elle et s’assit ;