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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/311

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VIERGES EN FLEUR

Non… je vous prie maintenant de ne plus rien me dire… Et ce sera moi qui vous raconterai ma peine, heureuse de trouver enfin l’unique confident qui puisse me comprendre, — car vous avez aimé et vous avez pleuré !

« Il y a ou deux ans, l’août dernier, lorsque avec ma mère et ma sœur j’arrivai à Roscoff, j’eus le pressentiment que ma vie de jeune fille, jusqu’alors si calme, si paisible, allait être troublée…

— Deux ans… et le mois d’août… balbutia Philbert. Mais c’est du sortilège !…

— Que voulez-vous dire ?

— Continuez ; plus tard, après votre récit, je vous ferai aussi ma confession complète.

— C’était une obsession… Dans les rues, sur les plages, partout où je passais, je cherchais quelqu’un, quelqu’un que j’ignorais, mais que j’attendais. Au bout de quinze jours seulement, il me sembla que je l’avais enfin rencontré. Un jeune homme m’aborda, au cours d’une petite soirée musicale organisée par des amis, il me murmura des choses douces et tendres — que j’écoutai, parce que, je vous l’ai dit, j’étais sûre qu’on me les dirait, ces choses émotionnantes et délicieuses. J’étais comme emportée dans un rêve… je m’abandonnai… je me livrai toute… et lorsque, après un mois d’ivresse, d’extase, mon