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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/59

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VIERGES EN FLEUR

criminel, un bandit, un brigand, pour avoir mérité une captivité plus longue, et la subir ici !

— Oh ! vous réclameriez bientôt qu’on vous rende la liberté !

— Je vous jure que non. Mettez-moi à l’épreuve.

— Non, fit Jeanne, car si vous passiez quelques jours, quelques semaines parmi nous, votre départ nous laisserait en détresse. On se résigne sans trop de peine, à la privation des joies que l’on ignore ; mais être sevré de celles qu’on connaît, quelle désolation navrante et nostalgique ! Vous êtes aujourd’hui le passant qu’on accueille, mais vous seriez demain peut-être l’ami cher dont on veut la présence toujours. Les pauvres solitaires de Kerbiquet, c’est à prévoir, ont des cœurs peu farouches et qui s’épanouiraient très vite aux rayons de l’amour. Puis nous sommes unies, mes sœurs et moi, par la plus douce et la plus forte affection. Trois poules vivent en paix, dès que le coq survient c’est la rivalité, la lutte, puis la haine.

— La haine !…

— Hélas !

— Souffrez que je proteste. Je connais un moyen grâce auquel il serait facile de ne pas la mêler à notre compagnie.

— Ce serait ?