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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/79

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VIERGES EN FLEUR

Puis l’ennemi des vierges, leur doux ami plutôt, parcourut la cité bretonne, alla se reposer quelques heures en une hôtellerie modeste. La précédente nuit n’avait été que fêtes, la prochaine nuit serait aussi toute de noces. Il dormit jusqu’au soir.

Comme il quittait l’hôtel, il vit près de la porte une brune jolie, aux yeux vifs et ardents, à la gorge épanouie en fruits plantureux. C’était la fille des hôteliers. Philbert eut un regret de partir sans tenter la conquête de ce régal d’amour.

La nuit était tombée, quand il revint au château.

Sur le perron fleuri, dans une lueur pâle, il aperçut Yvonne qui déjà s’attristait.

S’était-il envolé, le bel amant de rêve, le cher fiancé qu’elle espérait ? La promesse jurée, ce matin, n’était-ce pas un mensonge, et Jeanne, des trois sœurs, serait-elle la seule initiée aux baisers qu’Yvonne et Michelle attendaient aussi ?

Au bruit des pas criant sur le gravier du parc, Yvonne se dressa. Son œil fouilla la nuit. Elle aperçut une ombre et reconnut Philbert. Alors son cœur s’emplit de frissons, de désirs. Et, descendant les marches, elle tendit les bras pour lier l’ami cher et s’enlacer à lui.