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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/321

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habeo pactam sororem ne signifia rien de plus que desponsavi sororem. »

Ainsi détaché de sa signification réelle et de son emploi propre, habeo devint disponible pour un autre service. Le futur latin offrait de grandes difficultés aux langues romanes ; il est, comme on sait, de deux formes, en bo et en am. La forme en bo pouvait, à la rigueur, se transformer, bien qu’elle offrit des risques de confusion avec l’imparfait en bam. On en a un exemple dans un futur sinon en bo, du moins en o, que le vieux français avait gardé, je veux dire j’ere, qui représente eram et ero. Mais la forme en am était tout à fait désespérée ; en effet lego et legam, transformés en roman, seraient si voisins l’un de l’autre, que l’usage en aurait été très incommode. C’est sous l’influence de ces difficultés que le choix, certainement intelligent, mais pourtant inconscient, qui préside à ces opérations, alla chercher l’élément habeo pour le conjoindre à l’infini et en produire un futur irréprochable quant au fond et à la forme.

M. Chabaneau analyse avec finesse et exactitude le rôle de l’auxiliaire habeo dans le passé et le futur. Non seulement ce mot a perdu sa signification propre qui est tout à fait éteinte, mais il n’a plus d’autre fonction que d’indiquer la circonstance de personne, de nombre et de mode. Le passé est noté par le participe ; le futur l’est par l’infinitif.

Il en est de même de l’auxiliaire être, au passé, dans les verbes qui le prennent au lieu de l’auxiliaire avoir. Dans je suis tombé, le passé est marqué par tombé ; la personne, le nombre et le mode, par je suis, qui n’a plus que le rôle d’un affixe. Par conséquent, je suis tombé représente j’ai été tombant, et