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Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/349

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cas régimes servant de sujet ; de là, dans le français, la forme que beaucoup de noms imparisyllabiques de la déclinaison latine ont prise. Ces faits sont certains et contiennent la plus grande partie de l’explication. Peut-être pas toute, et voici mes remarques : un certain nombre de noms imparisyllabiques échappent à cette formation et suivent la règle de la dérivation par deux cas ; je citerai abe et abé de abbas, abbatem, enfe et enfant de infans, infantem, suer et seror de soror, sororem, cons et conte de comes, comitem, hom et home, de homo, hominem, poverte et povreté, de paupertas, paupertatem , sage et sachant, de sapiens, sapientem, sierp et serpent, de serpens, serpentem. Ainsi, tous les noms imparisyllabiques n’ont pas été traités de la même façon. Notez encore cette singularité : tandis que les noms abstraits en or, oris se forment d’après le cas régime, paor de pavorem, dolor de dolorem, etc., les noms verbaux en or, oris et les comparatifs se forment d’après les deux cas, nominatif et accusatif, donere, doneor de donator, donatorem, salvere, salveor, de salvator, salvatorem, et les comparatifs que j’ai cités plus haut. Il en est de même des noms masculins en o, onis, par rapport aux noms abstraits féminins en io, ionis : lere, laron, de latro, latronem, ber, baron, de baro, baronem, mais ochaison de occasionem, raison de rationem, façon de factionem, etc. J’appellerai, grammaticalement parlant, règle antique celle qui conserve deux cas dans la déclinaison latine, et règle moderne celle qui n’en conserve aucun. Pourquoi la règle moderne a-t-elle prévalu dans un certain nombre de noms imparisyllabiques de la troisième déclinaison ? C’est que, dès les temps mérovingiens, comme en témoignent