Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/439

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tinuité qui seule mène à fin les grandes besognes. Les coups de collier intermittents, quelque énergiques qu’ils soient, y valent peu ; ce qui y vaut, c’est l’assiduité qui ne s’interrompt jamais.

Mon atelier et moi nous procédions ainsi je notais sur le Dictionnaire de l’Académie française quinze de ses pages ; c’était la tâche pour quinze jours. De la sorte, je pus, à la condition d’être fidèle à ma consigne de travail, connaître exactement quand j’aurais terminé ma refonte. Dans ce premier dictionnaire que j’avais rédigé et qui n’était plus qu’une humble ébauche, fort utile néanmoins, je prenais la péricope correspondant aux quinze pages de l’Académie, et je la remettais à ma femme et à ma fille. Elles en transformaient les feuillets de manière que j’en pusse faire de la copie, c’est-à-dire qu’elles mettaient sur autant de feuillets séparés tous les accidents du mot, toutes ses acceptions et tous ses exemples. En même temps elles avaient sous les yeux quelques lexiques, entre autres le grand Pougens, où j’avais noté au crayon ce qui se référait à nos quinze pages susdites.

Cette préparation préliminaire de la copie n’allait pas, sans ces difficultés propres relatives aux citations, qui, parfois incomplètes, obscures, trop courtes, trop longues, n’en avaient pas moins été incorporées telles quelles dans mon canevas. J’étais devenu bien plus exigeant. Afin de remédier à des défauts sur lesquels dorénavant j’avais les yeux trop ouverts pour ne pas les pourchasser impitoyablement, il fallait rechercher les passages dans les auteurs, qui, à cet effet, étaient sous la main de mes auxiliaires. Cela d’ordinaire n’exigeait pas grand temps ; mais ce qui en exigeait beaucoup, c’est