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carnet les exemples à chercher, et les vendredis, jours des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, auxquelles j’étais alors très assidu, et dont aujourd’hui une maladie douloureuse et sans relâche m’interdit l’accès, je feuilletais curieusement mon Bossuet, que la bibliothèque de l’Institut mettait à ma disposition. Que d’heures furent ainsi consumées par mes auxiliaires et par moi en des investigations dont plusieurs auraient pu être épargnées par quelques précautions de plus dans le dépouillement des auteurs ! Mais, d’une part, il est difficile pour moi surtout de prévoir de loin toutes les occasions des mécomptes ; et, d’autre part, venant après coup, ces investigations rétrospectives avaient l’avantage de me familiariser utilement avec les moindres détails de mon œuvre. L’expérience m’a enseigné que rien ne vaut autant pour moi que d’être contraint à repasser minutieusement sur le travail déjà exécuté.

Mes tâches bi-hebdomadaires, bien que matériellement d’égale longueur pour le nombre de pages prélevé ? chaque fois sur le Dictionnaire de l’Académie, étaient, en réalité, souvent fort inégales : inégalité qui advenait quand se trouvait dans la péricope un mot à beaucoup d’acceptions. Un mot à beaucoup d’acceptions était la plus grande des difficultés que je rencontrais sur ma route. Deux causes principales y concouraient. La première gisait dans la règle que je m’étais faite, règle excellente et qui est une des originalités de mon dictionnaire, de ranger les acceptions dans leur ordre naturel, c’est-à-dire en commençant par la plus directe et en terminant par la plus détournée. Or, en ces gradations à peine sensibles ou bien s’enchevêtrant par quelque côté, je