Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/453

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chaque livraison, elle retint la moitié, jusqu’à extinction de ma dette ; et je ne tardai pas à me trouver libéré, sans avoir fait aucun tort à la maison Hachette, et sans avoir éprouvé aucun dommage. Il est vrai que cette libération, avantageuse aux deux parties, dépendit de l’éventualité du succès. En cas d’échec, la perte frappait la maison Hachette en ses considérables déboursés de toute nature, et moi proportionnellement bien davantage ; car toutes ces années que j’avais données au dictionnaire demeuraient improductives ; et je n’aurais eu énormément dépensé en travail et en veilles que pour me retrouver vieux, fatigué, épuisé, n’ayant sauvé du naufrage que les petites économies que je n’avais pas voulu compromettre.

Après le fait accompli et le débit assuré, quelques-uns m’ont suggéré que la librairie Hachette ne m’avait pas traité avec une largeur suffisante. J’ai toujours repoussé de pareilles suggestions, répondant que non seulement je ne réclamais rien, mais que je me trouvais satisfait de ma part. Je ne parle pas des clauses du traité qui lie les contractants elles sont obligatoires, et c’est là l’équité légale je parle d’une équité supérieure qui les amenderait d’un commun accord. Eh bien, cette équité supérieure elle-même est hors de cause. Je me félicite de la répartition telle qu’elle se fait, et m’en féliciter, c’est plus qu’y acquiescer.

Le travail commun de mes collaborateurs et de moi, qui dura tant d’années consécutives, n’était interrompu que par les vacances. Alors chacun allait à la distraction qui lui convenait le mieux. Moi, je passais un mois en Bretagne sur le bord de la mer à Saint-Quai, près de Saint-Brieuc ; à Laberbrach, près