Page:Emile Zola, Mes haines - Mon salon - Edouard Manet, Ed. Charpentier, 1893.djvu/29

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l’église, les liqueurs au laboratoire. Elle raconte cette histoire étrange d’une colonie de religieux, tous insensés ou hypocrites, s’établissant dans un coin de la France dont les habitants sont tous hypocrites ou insensés. L’auteur crie que nous retournons au moyen âge ; mais, en vérité, c’est lui qui nous y ramène avec ses contes d’une autre époque. Son manque complet de talent rend encore ses grosses plaisanteries moins acceptables. Lorsque Eugène Sue, — que je n’aime pas, — se mêlait d’attaquer les jésuites, il le faisait au moins d’une façon habile et intéressante. L’abbé*** semble nous dire carrément : « Tous les moines sont des ambitieux ou des brutes ; tous les Français sont assez bêtes pour devenir la proie des moines. » Le lecteur, catholique ou libéral, rira au nez de l’abbé*** et le priera de vouloir bien se taire.

Peut-on concevoir un dénoûment plus déplorable que celui du Moine ? Dom Gargilesse, un des frères, s’oublie dans les bras de la femme du bienfaiteur, Abel Grenier ; le mari rentre et tue le religieux, qui va mourir dans sa cellule. Il faut lire cette scène et celles qui suivent ; je doute que les théâtres des boulevards aient jamais eu des épisodes plus comiquement horribles et d’une puérilité plus sanglante. Dom Claude, après avoir fait jeter le corps du coupable dans l’in pace, et avoir enseveli un tronc d’arbre sous le nom de Dom Gargilesse, meurt à son tour ; la maçonnerie qui murait la porte de l’in pace, s’écroule sur lui et l’étouffe. C’est alors que Dom Boissier est nommé révé-