argent… De grâce, messieurs, soyez gentils, reprenez-le, faites cette bonne action.
Tous s’égayaient à l’entendre, mais ils refusaient plus rudement, dans la cruauté de leur rire. Non, non, jamais !
— Le prends-tu pour ta charité ? cria la voix d’un camarade.
C’était un usage, les jurés avaient droit à une « charité », chacun d’eux pouvait choisir dans le tas une toile, si exécrable qu’elle fût, et qui, dès lors, se trouvait reçue sans examen. D’ordinaire, on faisait l’aumône de cette admission à des pauvres. Ces quarante repêchés de la dernière heure étaient les mendiants de la porte, ceux qu’on laissait se glisser au bas bout de la table, le ventre vide.
— Pour ma charité, répéta Fagerolles plein d’embarras, c’est que j’en ai un autre, pour ma charité… Oui, des fleurs, d’une dame…
Des ricanements l’interrompirent. Était-elle jolie ? Ces messieurs, devant la peinture de femme, se montraient goguenards, sans galanterie aucune. Et lui, demeurait perplexe, car la dame en question était une protégée d’Irma. Il tremblait à l’idée de la terrible scène, s’il ne tenait pas sa promesse. Un expédient lui vint.
— Tiens ! et vous, Bongrand ?… Vous pouvez bien le prendre pour votre charité, ce petit rigolo d’enfant mort ?
Bongrand, le cœur crevé, indigné de ce négoce, agita ses grands bras.
— Moi ! je ferais cette injure à un vrai peintre !… Qu’il soit donc plus fier, nom de Dieu ! qu’il ne foute jamais rien au Salon !
Alors, comme on ricanait toujours, Fagerolles,