VIII
Marthe, le lendemain, alla d’abord chez sa mère. Elle lui expliqua la bonne œuvre dont elle rêvait. Comme la vieille dame hochait la tête en souriant, elle se fâcha presque ; elle lui fit entendre qu’elle avait peu de charité.
— C’est une idée de l’abbé Faujas, ça, dit brusquement Félicité.
— En effet, murmura Marthe, surprise : nous en avons longuement causé ensemble. Comment le savez-vous ?
Madame Rougon eut un léger haussement d’épaules, sans répondre plus nettement. Elle reprit avec vivacité :
— Eh bien ! ma chérie, tu as raison ! il faut t’occuper, et ce que tu as trouvé là est très bien. Ça me chagrine vraiment de te voir toujours enfermée dans cette maison retirée, qui sent la mort. Seulement, ne compte pas sur moi, je ne veux être pour rien dans ton affaire. On dirait que c’est moi qui fais tout, que nous nous sommes entendues pour imposer nos idées à la ville. Je désire, au contraire, que tu aies tout le bénéfice de ta bonne pensée. Je t’aiderai de mes conseils, si tu y consens, mais pas davantage.