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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/133

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

parmi les assistants qui se retiraient ; le soir, tout Plassans commentait l’attitude de Monseigneur.

Le comité des dames patronnesses s’était réservé une salle dans la maison. Elles y offrirent une collation à l’évêque, qui accepta un biscuit et deux doigts de malaga, en trouvant le moyen d’être aimable pour chacune d’elles. Cela termina heureusement cette fête pieuse ; car il y avait eu, avant et pendant la cérémonie, des froissements d’amour propre entre ces dames, que les louanges délicates de monseigneur Rousselot remirent en belle humeur. Lorsqu’elles se retrouvèrent seules, elles déclarèrent que tout s’était très-bien passé ; elles ne tarissaient pas sur la bonne grâce du prélat. Seule, madame Paloque resta blême. L’évêque, dans sa distribution de compliments, l’avait oubliée.

— Tu avais raison, dit-elle rageusement à son mari, lorsqu’elle rentra, j’ai été le chien, dans leurs bêtises ! Une belle idée, que de mettre ensemble ces gamines corrompues !… Enfin, je leur ai donné tout mon temps, et ce grand innocent d’évêque qui tremble devant son clergé n’a pas seulement trouvé un merci pour moi !… Comme si madame de Condamin avait fait quelque chose ! Elle est bien trop occupée à montrer ses toilettes, cette ancienne… Nous savons ce que nous savons, n’est-ce pas ? on finira par nous faire raconter des histoires que tout le monde ne trouvera pas drôles. Nous n’avons rien à cacher, nous autres… Et madame Delangre, et madame Rastoil ! ce serait facile de les faire rougir jusqu’au blanc des yeux. Est-ce qu’elles ont seulement bougé de leurs salons ? Est-ce qu’elles ont pris la moitié de la peine que j’ai eue ? Et cette madame Mouret, qui avait l’air de mener la barque, et qui n’était occupée qu’à se pendre à la soutane de son abbé Faujas ! Encore une hypocrite, celle-là, qui va nous en faire voir de belles… Eh bien ! toutes, toutes ont eu un mot charmant ; moi, rien.