se déchargeant sur l’abbé Fenil du soin de son diocèse. Il adorait les littératures anciennes. On racontait qu’il traduisait Horace en secret ; les petits vers de l’Anthologie grecque l’enthousiasmaient également, et il lui échappait des citations scabreuses, qu’il goûtait avec une naïveté de lettré insensible aux pudeurs du vulgaire.
— Vous voyez, je n’ai personne, dit-il en s’installant devant le feu ; mais je suis un peu souffrant, j’avais fait défendre ma porte. Vous pouvez parler, je me mets à votre disposition.
Il y avait, dans son amabilité ordinaire, une vague inquiétude, une sorte de soumission résignée. Quand l’abbé Faujas lui eut appris la mort du curé Compan, il se leva, effaré, irrité :
— Comment ! s’écria-t-il, mon brave Compan est mort, et je n’ai pu lui dire adieu !… Personne ne m’a averti !… Ah ! tenez, mon ami, vous aviez raison, lorsque vous me faisiez entendre que je n’étais plus le maître ici ; on abuse de ma bonté.
— Monseigneur, dit l’abbé Faujas, sait combien je lui suis dévoué ; je n’attends qu’un signe de lui.
L’évêque hocha la tête, murmurant :
— Oui, oui, je me rappelle ce que vous m’avez offert ; vous êtes un excellent cœur. Seulement quel vacarme, si je rompais avec Fenil ! j’aurais les oreilles cassées pendant huit jours. Et pourtant si j’étais bien sûr que vous me débarrassiez d’un coup du personnage, si je n’avais pas peur qu’au bout d’une semaine il revînt vous mettre un pied sur la gorge…
L’abbé Faujas ne put réprimer un sourire. Des larmes montèrent aux yeux de l’évêque.
— J’ai peur, c’est vrai, reprit-il en se laissant tomber de nouveau dans son fauteuil ; j’en suis à ce point. C’est ce malheureux qui a tué Compan et qui m’a fait cacher son