surtout à ce dernier que l’abbé donna les instructions les plus minutieuses ; le fils du président faisait les courses, crevait d’importance. En trois semaines, le cercle de la Jeunesse fut créé et installé.
Il y avait alors, sous l’église des Minimes, située au bout du cours Sauvaire, de vastes offices et un ancien réfectoire du couvent, dont on ne se servait plus. C’était là le local que l’abbé Faujas avait en vue. Le clergé de la paroisse le céda très-volontiers. Un matin, le comité provisoire du cercle de la Jeunesse ayant mis les ouvriers dans ces sortes de caves, les bourgeois de Plassans restèrent stupéfaits en constatant qu’on installait un café sous l’église. Dès le cinquième jour, le doute ne fut plus permis. Il s’agissait bel et bien d’un café. On apportait des divans, des tables de marbre, des chaises, deux billards, trois caisses de vaisselle et de verrerie. Une porte fut percée, à l’extrémité du bâtiment, le plus loin possible du portail des Minimes ; de grands rideaux rouges, des rideaux de restaurant, pendaient derrière la porte vitrée, que l’on poussait, après avoir descendu cinq marches de pierre. Là se trouvait d’abord une grande salle ; puis, à droite, s’ouvraient une salle plus étroite et un salon de lecture ; enfin, dans une pièce carrée, au fond, on avait placé les deux billards. Ils étaient juste sous le maître-autel.
— Ah ! mes pauvres petits, dit un jour Guillaume Porquier aux fils Maffre, qu’il rencontra sur le cours, on va donc vous faire servir la messe, maintenant, entre deux parties de bézigue. »
Ambroise et Alphonse le supplièrent de ne plus leur parler en plein jour, parce que leur père les avait menacés de les engager dans la marine, s’ils le fréquentaient encore. La vérité était que, le premier étonnement passé, le cercle de la Jeunesse obtenait un grand succès. Monseigneur Rousselot en avait accepté la présidence honoraire ; il y vint même un soir, en compagnie de son secrétaire, l’abbé Surin ; ils