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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/308

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LES ROUGON-MACQUART.

— Maintenant, dit monseigneur Rousselot en se levant, il serait peut-être bon que je connusse le nom de votre candidat, afin de le recommander en toutes lettres.

L’abbé Faujas sourit.

— Un nom est dangereux, répondit-il. Dans huit jours, il ne resterait plus un morceau de notre candidat, si nous le nommions aujourd’hui… Le marquis de Lagrifoul est devenu impossible. M. de Bourdeu, qui compte se mettre sur les rangs, est plus impossible encore. Nous les laisserons se détruire l’un par l’autre, nous n’interviendrons qu’au dernier moment… Dites simplement qu’une élection purement politique serait regrettable, qu’il faudrait, dans l’intérêt de Plassans, un homme choisi en dehors des partis, connaissant à fond les besoins de la ville et du département. Donnez même à entendre que cet homme est trouvé ; mais n’allez pas plus loin.

L’évêque sourit à son tour. Il retint le prêtre, au moment où celui-ci prenait congé.

— Et l’abbé Fenil ? lui demanda-t-il en baissant la voix. Ne craignez-vous pas qu’il se jette en travers de vos projets ?

L’abbé Faujas haussa les épaules.

— Il n’a plus bougé, dit-il.

— Justement, reprit le prélat, cette tranquillité m’inquiète. Je connais Fenil, c’est le prêtre le plus haineux de mon diocèse. Il a peut-être abandonné la vanité de vous battre sur le terrain politique ; mais soyez sûr qu’il se vengera d’homme à homme… Il doit vous guetter du fond de sa retraite.

— Bah ! dit l’abbé Faujas, qui montra ses dents blanches, il ne me mangera pas tout vivant, peut-être.

L’abbé Surin venait d’entrer. Quand le curé de Saint-Saturnin fut parti, il égaya beaucoup monseigneur Rousselot, en murmurant :