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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/331

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— La science est parfois impuissante, répondit-il gravement ; mais la Providence reste inépuisable en bontés… La pauvre dame a été bien ébranlée. Je ne la condamne pas absolument. La poitrine n’est encore que faiblement attaquée, et le climat est bon, ici.

Il entama alors une dissertation sur le traitement des maladies de poitrine, dans l’arrondissement de Plassans. Il préparait une brochure sur ce sujet, non pas pour la publier, car il avait l’adresse de n’être point un savant, mais pour la lire à quelques amis intimes.

— Et voilà les raisons, dit-il en terminant, qui me font croire que la température égale, la flore aromatique, les eaux salubres de nos coteaux sont d’une excellence absolue pour la guérison des affections de poitrine.

Le prêtre l’avait écouté de son air dur et silencieux.

— Vous avez tort, répliqua-t-il lentement. Madame Mouret est fort mal à Plassans… Pourquoi ne l’envoyez-vous pas passer l’hiver à Nice ?

— À Nice ! répéta le docteur, inquiet.

Il regarda le prêtre un instant ; puis, de sa voix complaisante :

— Elle serait, en effet, très-bien à Nice. Dans l’état de surexcitation nerveuse où elle se trouve, un déplacement aurait de bons résultats. Il faudra que je lui conseille ce voyage… Vous avez là une excellente idée, monsieur le curé.

Il salua, il entra chez madame de Condamin, dont les moindres migraines lui causaient des soucis extraordinaires. Le lendemain, au dîner, Marthe parla du docteur en termes presque violents. Elle jurait de ne plus le recevoir.

— C’est lui qui me rend malade, dit-elle. N’est-il pas venu me conseiller de voyager, cette après-midi ?

— Et je l’approuve fort, déclara l’abbé Faujas, qui pliait sa serviette.