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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/365

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

Il tira un rideau de cotonnade, qui masquait une alcôve. Rose alla déshabiller sa maîtresse en grondant. Il n’y avait rien à faire, disait-elle, qu’à lui mettre une brique chaude aux pieds.

— Maintenant qu’elle est dans le dodo, nous allons boire un coup, reprit l’oncle avec son ricanement de loup rangé. Il sent diablement bon, votre vin chaud, la mère !

— J’ai trouvé un citron sur la cheminée, je l’ai pris, dit Rose.

— Et vous avez bien fait. Il y a de tout, ici. Quand je fais un lapin, rien n’y manque, je vous en réponds.

Il avait avancé la table devant la cheminée. Il s’assit entre la cuisinière et Alexandre, versant le vin chaud dans de grandes tasses jaunes. Quand il eut avalé deux gorgées, religieusement :

— Bigre ! s’écria-t-il en faisant claquer la langue, voilà du bon vin chaud ! Eh ! eh ! vous vous y entendez ; il est meilleur que le mien. Il faudra que vous me laissiez votre recette.

Rose, calmée, chatouillée par ces compliments, se mit à rire. Le feu de souches de vigne étalait un grand brasier rouge. Les tasses furent remplies de nouveau.

— Alors, dit Macquart en s’accoudant pour regarder la cuisinière en face, ma nièce est venue comme ça, par un coup de tête ?

— Ne m’en parlez pas, répondit-elle, cela me remettrait en colère… Madame devient folle comme monsieur ; elle ne sait plus qui elle aime ni qui elle n’aime pas… Je crois qu’elle a eu une dispute avec monsieur le curé, avant de partir ; j’ai entendu leurs voix qui criaient.

L’oncle eut un gros rire.

— Ils étaient pourtant bien d’accord, murmura-t-il.

— Sans doute, mais rien ne dure avec une cervelle comme celle de madame… Je parie qu’elle regrette les volées