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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/366

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LES ROUGON-MACQUART.

que monsieur lui administrait la nuit. Nous avons retrouvé le bâton dans le jardin.

Il la regarda plus attentivement, en disant entre deux gorgées de vin chaud :

— Peut-être qu’elle venait chercher François.

— Ah ! Dieu nous en garde ! cria Rose d’un air d’effroi. Monsieur ferait un beau ravage, à la maison ; il nous tuerait tous… Tenez, c’est là ma grande peur. Je tremble toujours qu’il n’arrive une de ces nuits pour nous assassiner. Quand je songe à cela, dans mon lit, je ne puis m’endormir. Il me semble que je le vois entrer par la fenêtre, avec des cheveux hérissés et des yeux luisants comme des allumettes.

Macquart s’égayait bruyamment, tapant sa tasse sur la table.

— Ça serait drôle, ça serait drôle ! répéta-t-il. Il ne doit pas vous aimer, le curé surtout, qui a pris sa place. Il n’en ferait qu’une bouchée, du curé, tout gaillard qu’il est, car les fous sont rudement forts, à ce qu’on assure… Dis, Alexandre, vois-tu le pauvre François tomber chez lui ? Il nettoierait le plancher proprement. Moi, ça m’amuserait.

Et il jetait des coups d’œil au gardien, qui buvait le vin chaud d’un air tranquille, se contentant d’approuver de la tête.

— C’est une supposition, c’est pour rire, reprit Macquart en voyant les regards épouvantés que Rose fixait sur lui.

À ce moment, Marthe se tordit furieusement derrière le rideau de cotonnade ; il fallut la maintenir pendant quelques minutes, pour qu’elle ne tombât pas. Lorsqu’elle se fut allongée de nouveau dans sa rigidité de cadavre, l’oncle revint se chauffer les cuisses devant le brasier, réfléchissant, murmurant sans songer à ce qu’il disait :

— Elle n’est pas commode, la petite.

Puis, brusquement, il demanda :