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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/368

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LES ROUGON-MACQUART.

Il roulait ses petits yeux ardents. Puis, il parut mécontent de son mensonge, il reprit :

— Il y a l’abbé Fenil, mais c’est comme s’il n’y était pas ; il ne sort jamais.

— L’abbé Fenil est un pas grand’chose, dit la cuisinière.

Alors, l’oncle se fâcha.

— Pourquoi ça, un pas grand’chose ? Il fait beaucoup de bien ici ; il est très fort, le gaillard… Il vaut mieux qu’un tas de prêtres qui font des embarras.

Mais sa colère tomba tout d’un coup. Il se prit à rire, en voyant que Rose le regardait d’un air surpris.

— Je m’en moque, après tout, murmura-t-il. Vous avez raison, tous les curés, ça se vaut, c’est hypocrite et compagnie… Je sais maintenant avec qui vous avez pu me voir. J’ai rencontré l’épicière ; elle avait une robe noire, vous aurez pris ça pour une soutane.

Rose fit une omelette, l’oncle posa sur la table un morceau de fromage. Ils n’avaient pas fini de manger, que Marthe se dressa sur son séant, de l’air étonné d’une personne qui s’éveille dans un lieu inconnu. Quand elle eut écarté ses cheveux, et que la mémoire lui revint, elle sauta à terre, disant qu’elle voulait partir, partir sur-le-champ. Macquart parut très-contrarié de ce réveil.

— C’est impossible, tu ne peux pas retourner à Plassans ce soir, dit-il. Tu grelottes de fièvre, tu tomberas malade en chemin. Repose-toi. Demain, nous verrons… D’abord, il n’y a pas de voiture.

— Vous allez me conduire dans votre carriole, répondit-elle.

— Non, je ne veux pas, je ne peux pas.

Marthe, qui s’habillait avec une hâte fébrile, déclara qu’elle irait à Plassans à pied, plutôt que de passer la nuit aux Tulettes. L’oncle délibérait ; il avait fermé la porte, et glissé la clef dans sa poche. Il supplia sa nièce, la menaça,