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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/379

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— Ma foi ! non, répondit-elle ; je n’y ai pas pensé ; ils sont encore propres… Elle est très soigneuse de sa personne, elle ne me dégoûte pas.

Et, comme Trouche se couchait enfin, elle lui cria :

— Apporte les grogs sur la table de nuit ! Nous n’allons pas nous relever pour les boire à l’autre bout de la chambre… Là, mon gros chéri, nous sommes comme de vrais propriétaires.

Ils s’étaient allongés côte à côte, l’édredon au menton, cuisant dans une chaleur douce.

— J’ai bien mangé ce soir, murmura Trouche au bout d’un silence.

— Et bien bu ! ajouta Olympe en riant. Moi, je suis très-chic ; je vois tout tourner… Ce qui est embêtant, c’est que maman est toujours sur notre dos ; aujourd’hui, elle a été assommante. Je ne puis plus faire un pas dans la maison… Ce n’est pas la peine que la propriétaire s’en aille si maman reste ici à faire le gendarme. Ça m’a gâté ma journée.

— Est-ce que l’abbé ne songe pas à s’en aller ? demanda Trouche, après un nouveau silence. Si on le nomme évêque, il faudra bien qu’il nous lâche la maison.

— On ne sait pas, répondit-elle, de méchante humeur. Maman pense peut-être à la garder… On serait si bien, tout seul ! Je ferais coucher la propriétaire dans la chambre de mon frère, en haut ; je lui dirais qu’elle est plus saine… Passe-moi donc le verre, Honoré.

Ils burent tous les deux, ils se renfoncèrent sous les couvertures.

— Bah ! reprit Trouche, ce ne serait pas facile de les faire déguerpir ; mais on pourrait toujours essayer… Je crois que l’abbé aurait déjà changé de logement, s’il ne craignait que la propriétaire fît un scandale, en se voyant lâchée… J’ai envie de travailler la propriétaire ; je lui conterai des histoires, pour les faire flanquer à la porte.