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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/395

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

— As-tu pris ma montre, mon ami ? demanda madame Rastoil ; elle était sur la cheminée, avec la chaîne.

— Oui, oui, je l’ai dans ma poche, répondit le président, la face gonflée, chancelant d’émotion. J’ai aussi l’argenterie… J’aurais tout emporté ; mais les pompiers ne veulent pas, ils disent que c’est ridicule.

M. Péqueur des Saulaies se montrait toujours très calme et très obligeant.

— Je vous assure que votre maison ne court plus aucun risque, affirma-t-il ; la part du feu est faite. Vous pouvez aller remettre vos couverts dans votre salle à manger.

Mais M. Rastoil ne consentit pas à se séparer de son argenterie, qu’il tenait sous le bras, pliée dans un journal.

— Toutes les portes sont ouvertes, balbutia-t-il ; la maison est pleine de gens que je ne connais pas… Ils ont fait dans mon toit un trou qui me coûtera cher à boucher.

Madame de Condamin interrogeait le sous-préfet. Elle s’écria :

— Mais c’est horrible ! mais je croyais que les locataires avaient eu le temps de se sauver !… Alors, on n’a pas de nouvelles de l’abbé Faujas ?

— J’ai frappé moi-même, dit M. Péqueur des Saulaies ; personne n’a répondu. Quand les pompiers sont arrivés, j’ai fait enfoncer la porte, j’ai ordonné d’appliquer des échelles aux fenêtres… Tout a été inutile. Un de nos braves gendarmes, qui s’est aventuré dans le vestibule, a failli être asphyxié par la fumée.

— Ainsi l’abbé Faujas ?… Quelle abominable mort ! reprit la belle Octavie avec un frisson.

Ces messieurs et ces dames se regardèrent, blêmes dans les clartés vacillantes de l’incendie. Le docteur Porquier expliqua que la mort par le feu n’était peut-être pas aussi douloureuse qu’on se l’imaginait.

— On est saisi, dit-il en terminant ; ça doit être l’affaire