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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/50

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V


Le lendemain, la vieille madame Rougon, la mère de Marthe, vint rendre visite aux Mouret. C’était là tout un gros événement, car il y avait un peu de brouille entre le gendre et les parents de sa femme, surtout depuis l’élection du marquis de Lagrifoul, que ceux-ci l’accusaient d’avoir fait réussir par son influence dans les campagnes. Marthe allait seule chez ses parents. Sa mère, « cette noiraude de Félicité, » comme on la nommait, était restée, à soixante-six ans, d’une maigreur et d’une vivacité de jeune fille. Elle ne portait plus que des robes de soie, très-chargées de volants, et affectionnait particulièrement le jaune et le marron.

Ce jour-là, quand elle se présenta, il n’y avait que Marthe et Mouret dans la salle à manger.

— Tiens ! dit ce dernier très surpris, c’est ta mère… Qu’est-ce qu’elle nous veut donc ? Il n’y a pas un mois qu’elle est venue… Encore quelque manigance, c’est sûr.

Les Rougon, dont il avait été le commis, avant son mariage, lorsque leur étroite boutique du vieux quartier sentait la faillite, étaient le sujet de ses éternelles défiances.