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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/81

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

faire aimer, entendez-vous ? Les coups de force vous perdraient.

L’abbé Faujas restait songeur.

— Vous dites que ces vilaines histoires ont dû être racontées par l’abbé Fenil ? demanda-t-il.

— Oh ! il est trop fin pour se mettre ainsi en avant ; il aura soufflé ces choses dans l’oreille de ses pénitentes. Je ne sais s’il vous a deviné, mais il a peur de vous, cela est certain ; il va vous combattre par toutes les armes imaginables… Le pis est qu’il confesse les personnes le plus comme il faut de la ville. C’est lui qui a fait nommer le marquis de Lagrifoul.

— J’ai eu tort de venir à cette soirée, laissa échapper le prêtre.

Félicité pinça les lèvres. Elle reprit vivement :

Vous avez eu tort de vous compromettre avec un homme tel que ce Condamin. Moi, j’ai fait pour le mieux. Lorsque la personne que vous savez m’a écrit de Paris, j’ai cru vous être utile en vous invitant. Je m’imaginais que vous sauriez vous faire ici des amis. C’était un premier pas. Mais, au lieu de chercher à plaire, vous fâchez tout le monde contre vous… Tenez, excusez ma franchise, je trouve que vous tournez le dos au succès. Vous n’avez commis que des fautes, en allant vous loger chez mon gendre, en vous claquemurant chez vous, en portant une soutane qui fait la joie des gamins dans les rues.

L’abbé Faujas ne put retenir un geste d’impatience. Il se contenta de répondre :

— Je profiterai de vos bons conseils. Seulement, ne m’aidez pas, cela gâterait tout.

— Oui, cette tactique est prudente, dit la vieille dame. Ne rentrez dans ce salon que triomphant… Un dernier mot, cher monsieur. La personne de Paris tient beaucoup à votre succès, et c’est pourquoi je m’intéresse à vous. Eh bien !