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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/84

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VII


Le soir même, Mouret, qui ne dormait pas, pressa Marthe de questions, voulant connaître les événements de la soirée. Elle répondit que tout s’était passé comme à l’habitude, qu’elle n’avait rien remarqué d’extraordinaire. Elle ajouta simplement que l’abbé Faujas l’avait accompagnée, en causant avec elle de choses insignifiantes. Mouret fut très contrarié de ce qu’il appelait « l’indolence » de sa femme.

— On pourrait bien s’assassiner chez ta mère, dit-il en s’enfonçant la tête dans l’oreiller d’un air furieux ; ce n’est certainement pas toi qui m’en apporterais la nouvelle.

Le lendemain, lorsqu’il rentra pour le dîner, il cria à Marthe, du plus loin qu’il l’aperçut :

— Je le savais bien, tu as des yeux pour ne pas voir, ma bonne… Ah ! que je te reconnais là ! Rester la soirée entière dans un salon, sans seulement te douter de ce qu’on a dit et fait autour de toi !… Mais toute la ville en cause, entends-tu ! Je n’ai pu faire un pas sans rencontrer quelqu’un qui m’en parlât.