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Page:Emile Zola - La Curée.djvu/270

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LES ROUGON-MACQUART

nouer ses amours, pour éviter tout effort et toute querelle. Mais il se sentait incapable d’un éclat, et il s’oubliait même volontiers encore dans les caresses de Renée ; elle était maternelle, elle payait pour lui, elle le tirerait d’embarras, si quelque créancier se fâchait. Puis l’idée de Louise, l’idée du million de dot revenait, lui faisait penser, jusque sous les baisers de la jeune femme, « que tout cela était bel et bon, mais que ce n’était pas sérieux, et qu’il faudrait bien que ça finît. »

Une nuit, Maxime fut si rapidement décavé chez une dame où l’on jouait souvent jusqu’au jour, qu’il éprouva une de ces colères muettes de joueur dont les poches sont vides. Il eût donné tout au monde pour pouvoir jeter encore quelques louis sur la table. Il prit son chapeau, et, du pas machinal d’un homme poussé par une idée fixe, il alla au parc Monceau, ouvrit la petite grille, se trouva dans la serre. Il était plus de minuit. Renée lui avait défendu de venir ce soir-là. Maintenant quand elle lui fermait sa porte, elle ne cherchait même plus à trouver une explication, et lui ne songeait qu’à profiter de son jour de congé. Il ne se souvint nettement de la défense de la jeune femme que devant la porte-fenêtre du petit salon, qui était fermée. D’ordinaire, quand il devait venir, Renée tournait à l’avance l’espagnolette de cette porte.

— Bah ! pensa-t-il, en voyant la fenêtre du cabinet de toilette éclairée, je vais siffler, et elle descendra. Je ne la dérangerai pas ; si elle a quelques louis, je m’en irai tout de suite.

Et il siffla doucement. Souvent, d’ailleurs, il employait ce signal pour lui annoncer son arrivée. Mais, ce soir-là, il siffla inutilement à plusieurs reprises. Il s’acharna, haus-