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LA CURÉE

je t’aiderai. C’est M. de Mussy, dont la douleur t’a touchée.

Elle ne répondit pas. Elle baissait la tête sous un pareil interrogatoire.

— Ce n’est pas M. de Mussy ?… Alors le duc de Rozan ? vrai, non plus ?… Peut-être le comte de Chibray ? Pas davantage ?…

Il s’arrêta, il chercha.

— Diable, c’est que je ne vois personne… Ce n’est pas mon père, après ce que tu m’as dit…

Renée tressaillit, comme sous une brûlure, et sourdement :

— Non, tu sais bien qu’il ne vient plus. Je n’aurais pas accepté, ce serait ignoble.

— Qui alors ?

Et il lui serrait plus fort les poignets. La pauvre femme lutta encore quelques instants.

— Oh ! Maxime, si tu savais !… Je ne puis pourtant pas dire…

Puis, vaincue, anéantie, regardant avec effroi la fenêtre éclairée :

— C’est M. de Saffré, balbutia-t-elle très bas.

Maxime, que son jeu cruel amusait, pâlit extrêmement devant cet aveu qu’il sollicitait avec tant d’insistance. Il fut irrité de la douleur inattendue que lui causait ce nom d’homme. Il rejeta violemment les poignets de Renée, s’approchant, lui disant en plein visage, les dents serrées :

— Tiens, veux-tu savoir, tu es une !…

Il dit le mot. Et il s’en allait, lorsqu’elle courut à lui, sanglotante, le prenant dans ses bras, murmurant des mots de tendresse, des demandes de pardon, lui jurant