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Page:Emile Zola - La Curée.djvu/281

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LA CURÉE

et, comme plusieurs messieurs arrivaient, elle entraîna Larsonneau dans un boudoir, situé à l’un des bouts du salon, dont une double portière le séparait.

— As-tu l’argent ? lui demanda-t-elle quand ils furent seuls.

Elle le tutoyait dans les grandes circonstances. Larsonneau, sans répondre, s’inclina plaisamment, en frappant sur la poche intérieure de son habit.

— Oh ! ce grand Lar ! murmura la jeune femme ravie.

Elle le prit par la taille et l’embrassa.

— Attends, dit-elle, je veux tout de suite les chiffons… Rozan est dans ma chambre ; je vais le chercher.

Mais il la retint et, lui baisant à son tour les épaules :

— Tu sais quelle commission je t’ai demandée, à toi ?

— Eh ! oui, grande bête, c’est convenu.

Elle revint, amenant Rozan. Larsonneau était mis plus correctement que le duc, ganté plus juste, cravaté avec plus d’art. Ils se touchèrent négligemment la main, et parlèrent des courses de l’avant-veille, où un de leurs amis avait eu un cheval battu. Laure piétinait.

— Voyons, ce n’est pas tout ça, mon chéri, dit-elle à Rozan ; le grand Lar a l’argent, tu sais. Il faudrait terminer.

Larsonneau parut se souvenir.

— Ah ! oui, c’est vrai, dit-il, j’ai la somme… Mais que vous auriez bien fait de m’écouter, mon bon ! Est-ce que ces gueux ne m’ont pas demandé le cinquante pour cent ?… Enfin, j’ai accepté quand même, vous m’aviez dit que ça ne faisait rien…

Laure d’Aurigny s’était procuré des feuilles de papier