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LA CURÉE

conclut doctement M. de Mareuil, qui voulait être agréable à Saccard.

Ils s’étaient compris. Mais les Mignon et Charrier mirent en avant leurs propres affaires. Ils comptaient se retirer prochainement, sans doute à Langres, disaient-ils, en gardant un pied-à-terre à Paris. Ils firent sourire ces messieurs, lorsqu’ils racontèrent qu’après avoir achevé la construction de leur magnifique hôtel du boulevard Malesherbes, ils l’avaient trouvé si beau qu’ils n’avaient pu résister à l’envie de le vendre. Leurs brillants devaient être une consolation qu’ils s’étaient offerte. Saccard riait de mauvaise grâce ; ses anciens associés venaient de réaliser des bénéfices énormes dans une affaire où il avait joué un rôle de dupe. Et, comme l’entr’acte s’allongeait, des phrases d’éloges sur la gorge de Vénus et sur la robe de la nymphe Écho coupaient la conversation des hommes graves.

Au bout d’une grande demi-heure, M. Hupel de la Noue reparut. Il marchait en plein succès, et le désordre de sa toilette croissait. En regagnant sa place, il rencontra M. de Mussy. Il lui serra la main en passant ; puis il revint sur ses pas pour lui demander :

— Vous ne connaissez pas le mot de la marquise ?

Et il le lui conta, sans attendre la réponse. Il le pénétrait de plus en plus, il le commentait, il finissait par le trouver exquis de naïveté. « J’en ai un bien plus joli dessous ! » C’était un cri du cœur.

Mais, M. de Mussy ne fut pas de cet avis. Il jugea le mot indécent. Il venait d’être attaché à l’ambassade d’Angleterre, où le ministre lui avait dit qu’une tenue sévère était de rigueur. Il refusait de conduire le cotillon, se vieillissait, ne parlait plus de son amour pour