Page:Emile Zola - La Curée.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
LA CURÉE

eut un sourire, il prit madame d’Espanet et madame Haffner, chacune d’une main, leur posa une question à l’oreille, reçut leur réponse, et, s’adressant ensuite à M. Simpson :

— Cueillez-vous la verveine ou cueillez-vous la pervenche ?

M. Simpson, un peu sot, dit qu’il cueillait la verveine. Alors M. de Saffré lui donna la marquise, en disant :

— Voici la verveine.

On applaudit discrètement. Cela fut trouvé très joli. M. de Saffré était un conducteur de cotillon « qui ne restait jamais à court » ; telle fut l’expression de ces dames. Pendant ce temps, l’orchestre avait repris de toutes ses voix la phrase de valse, et M. Simpson, après avoir fait le tour du salon en valsant avec madame d’Espanet, la reconduisait à sa place.

Renée put passer. Elle s’était mordu les lèvres au sang, devant toutes « ces bêtises ». Elle trouvait ces femmes et ces hommes stupides de lancer des écharpes et de prendre des noms de fleurs. Ses oreilles bourdonnaient, une furie d’impatience lui donnait des envies brusques de se jeter la tête en avant et de s’ouvrir un chemin. Elle traversa le salon d’un pas rapide, heurtant les couples attardés qui regagnaient leurs sièges. Elle alla droit à la serre. Elle n’avait vu ni Louise ni Maxime parmi les danseurs, elle se disait qu’ils devaient être là, dans quelque trou des feuillages, réunis par cet instinct des drôleries et des polissonneries, qui leur faisait chercher les petits coins, dès qu’ils se trouvaient ensemble quelque part. Mais elle visita inutilement le demi-jour de la serre. Elle n’aperçut, au fond d’un berceau, qu’un grand