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LA JOIE DE VIVRE.

suis sûr de mon affaire… Dès que tu pourras marcher, nous irons voir l’état des charpentes.

Justement, Louise était montée prendre des nouvelles de Pauline, et comme elle la baisait aussi, cette dernière lui souffla à l’oreille :

— Emmène-le.

Lazare d’abord refusa. Il attendait le docteur. Mais Louise riait, lui répétait qu’il était trop galant pour la laisser aller seule chez les Gonin, où elle choisissait elle-même des langoustes, qu’elle envoyait à Caen. Il pourrait, au passage, donner un coup d’œil à l’épi.

— Va, tu me feras plaisir, dit Pauline. Prends-lui donc le bras, Louise… C’est ça, ne le lâche plus.

Elle s’égayait, les deux autres se poussaient en plaisantant ; et, lorsqu’ils sortirent, elle redevint sérieuse, elle se pencha au bord du lit, pour écouter leurs pas et leurs rires, qui se perdaient dans l’escalier.

Un quart d’heure plus tard, Véronique parut avec le docteur. Puis, elle s’installa au chevet de Pauline, sans abandonner ses casseroles, montant à chaque minute, passant là une heure, entre deux sauces. Cela ne se fit pas d’un coup. Lazare était revenu le soir ; mais il sortit de nouveau, le lendemain ; et, chaque jour, emporté par la vie du dehors, il abrégeait ses visites, ne demeurait plus que le temps de prendre des nouvelles. C’était d’ailleurs Pauline qui le renvoyait, s’il parlait seulement de s’asseoir. Lorsqu’il rentrait avec Louise, elle les forçait à raconter leur promenade, heureuse de leur animation, du grand air qu’ils rapportaient dans leurs cheveux. Ils semblaient si camarades, qu’elle ne les soupçonnait plus. Et, dès