Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/318

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maintenant ! Aussi répondit-elle d’un air triste :

— Mon pauvre ami, si tu m’aimais réellement, au lieu de plaider comme tu le fais, tu serais déjà dans mes bras, et tu sangloterais, et tu trouverais d’autres choses pour me persuader.

Il pâlit davantage, il eut un geste vague de protestation, en se laissant tomber sur une chaise.

— Non, continua-t-elle, c’est clair, tu ne m’aimes plus… Que veux-tu ? nous ne sommes sans doute pas faits l’un pour l’autre. Quand nous étions enfermés ici, tu étais bien forcé de songer à moi. Et, plus tard, l’idée t’en a passé, ça n’a pas duré, parce que je n’avais rien pour te retenir.

Une dernière secousse d’exaspération l’emporta. Il s’agita sur la chaise, en bégayant :

— Enfin, où veux-tu en venir ? Qu’est-ce que tout cela signifie, je te le demande ? Je rentre bien tranquille, je monte pour mettre mes pantoufles, et tu me tombes sur le dos, et sans crier gare tu entames une histoire extravagante… Je ne t’aime plus, nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre, il faut rompre notre mariage… Encore une fois, qu’est-ce que cela signifie ?

Pauline, qui s’était approchée de lui, dit lentement :

— Cela signifie que tu en aimes une autre, et que je te conseille de l’épouser.

Un instant, Lazare resta muet. Puis, il prit le parti de ricaner. Bon ! les scènes recommençaient, encore sa jalousie qui allait mettre tout en l’air ! Elle ne pouvait le voir gai un seul jour, il fallait qu’elle fît le vide autour de lui. Pauline l’écoutait d’un air de douleur profonde ; et, brusquement, elle lui posa sur les épaules ses mains tremblantes,