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LA JOIE DE VIVRE.

cer, ce soir, déclara la vieille dame. Et puis, moi, ça m’endort, ce vacarme, ça ne m’est pas désagréable du tout… À Paris, ça me manquait, d’être secouée dans mon lit.

Tous trois arrivaient au premier étage. Pauline, qui tenait sa bougie bien droite, s’amusait de cette montée à la file, chacun avec un cierge, dont la lumière faisait danser des ombres. Sur le palier, comme elle s’arrêtait, hésitante, ignorant où sa tante la conduisait, celle-ci la poussa doucement.

— Va devant toi… Voici une chambre d’ami, et en face voici ma chambre… Entre un moment, je veux te montrer.

C’était une chambre tendue d’une cretonne jaune à ramages verts, très simplement meublée d’acajou : un lit, une armoire, un secrétaire. Au milieu, un guéridon était posé sur une carpette rouge. Quand elle eut promené sa bougie dans les moindres coins, madame Chanteau s’approcha du secrétaire, dont elle rabattit le tablier.

— Viens voir, reprit-elle.

Elle avait ouvert un des petits tiroirs, où elle plaçait en soupirant l’inventaire désastreux de Davoine. Puis, elle vida un autre tiroir au-dessus, le sortit, le secoua pour en faire tomber d’anciennes miettes ; et, s’apprêtant à y enfermer les titres, devant l’enfant qui regardait :

— Tu vois, je les mets là, ils seront tout seuls… Veux-tu les mettre toi-même ?

Pauline éprouvait une honte, qu’elle n’aurait pu expliquer. Elle rougit.

— Oh ! ma tante, ce n’est pas la peine.

Mais déjà elle avait le vieux registre dans la main, et elle dut le déposer au fond du tiroir, tandis que La-