Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/382

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d’embarras, avec la préoccupation persistante de ses beaux cheveux blonds défaits et de son fin visage décomposé.

Il était près de minuit, lorsqu’un bruit de roues fit descendre vivement la jeune fille.

— Et Véronique ? cria-t-elle du perron, en reconnaissant Lazare et la sage-femme, vous ne l’avez donc pas rencontrée ?

Lazare lui raconta qu’ils arrivaient par la route de Port-en-Bessin : tous les malheurs, madame Bouland à trois lieues de là, auprès d’une femme en couches, ni voiture ni cheval pour aller la chercher, les trois lieues faites à pied, au pas de course, et là-bas des ennuis à n’en plus finir ! Heureusement que madame Bouland avait une carriole.

— Mais la femme ? demanda Pauline, c’était donc fini, Madame a pu la quitter ?

La voix de Lazare trembla, il dit sourdement :

— La femme, elle est morte.

On entrait dans le vestibule qu’une bougie, posée sur une marche, éclairait. Il y eut un silence, pendant que madame Bouland accrochait son manteau. C’était une petite femme brune, maigre, jaune comme un citron, avec un grand nez dominateur. Elle parlait fort, avait des allures despotiques, qui la faisaient vénérer des paysans.

— Si Madame veut bien me suivre, dit Pauline. Je ne savais plus que faire, elle n’a pas cessé de se plaindre depuis la nuit.

Dans la chambre, Louise piétinait toujours devant la commode. Elle se remit à pleurer, quand elle aperçut la sage-femme. Celle-ci lui posa quelques questions brèves, sur les dates, le lieu et le caractère des douleurs. Puis elle conclut sèchement :