Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Nous allons voir… Je ne peux rien dire tant que je n’aurai pas déterminé la présentation.

— C’est donc pour maintenant ? murmura la jeune femme en larmes. Oh ! mon Dieu ! à huit mois ! Moi qui croyais avoir un mois encore !

Sans répondre, madame Bouland tapait les oreillers, les empilait l’un sur l’autre, au milieu du lit. Lazare, qui était monté, avait l’attitude gauche de l’homme tombé dans ce drame des couches. Il s’était approché pourtant, il avait mis un baiser sur le front en sueur de sa femme, qui ne parut même pas avoir conscience de cette caresse encourageante.

— Allons, allons, dit la sage-femme.

Louise, effarée, tourna vers Pauline un regard dont celle-ci comprit la supplication muette. Elle emmena Lazare, tous deux restèrent sur le palier, sans pouvoir s’éloigner davantage. La bougie, laissée en bas, éclairait la cage de l’escalier d’une lueur de veilleuse, coupée d’ombres bizarres ; et ils se tenaient là, l’un adossé au mur, l’autre à la rampe, face à face, immobiles et silencieux. Leurs oreilles se tendaient vers la chambre. Des plaintes vagues en sortaient toujours, il y eut deux cris déchirants. Puis, il leur sembla qu’une éternité s’écoulait, jusqu’au moment où la sage-femme ouvrit enfin. Ils allaient rentrer, lorsqu’elle les repoussa, pour sortir elle-même et refermer la porte.

— Quoi donc ? murmura Pauline.

D’un signe, elle leur dit de descendre ; et ce fut en bas seulement, dans le corridor, qu’elle parla.

— Le cas menace d’être grave. Mon devoir est de prévenir la famille.

Lazare pâlissait. Un souffle froid lui avait glacé la face. Il balbutia :