Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/392

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face renversée s’empourprait et que le cou se couvrait de sueur, dans la poussée nouvelle qui tendait les muscles.

Il survint aussi des crampes. À toutes minutes, elle parlait de se lever pour satisfaire des besoins, dont elle prétendait souffrir. La sage-femme s’y opposait énergiquement.

— Restez donc tranquille. C’est un effet du travail… Quand vous serez descendue pour ne rien faire, vous serez bien avancée, n’est-ce pas ?

À trois heures, madame Bouland ne cacha plus son inquiétude à Pauline. Des symptômes alarmants se manifestaient, surtout une lente déperdition des forces. On aurait pu croire que l’accouchée souffrait moins, car ses cris et ses efforts diminuaient d’énergie ; mais la vérité était que le travail menaçait de s’arrêter, dans la fatigue trop grande. Elle succombait à ces douleurs sans fin, chaque minute de retard devenait un danger. Le délire reparut, elle eut même un évanouissement. Madame Bouland en profita pour la toucher encore et mieux reconnaître la position.

— C’est bien ce que je craignais, murmura-t-elle. Est-ce que le cheval s’est cassé les jambes, qu’ils ne reviennent pas ?

Et, comme Pauline lui disait qu’elle ne pouvait laisser mourir ainsi cette malheureuse, elle s’emporta.

— Croyez-vous que je sois à la noce !… Si je tente la manœuvre et que ça tourne mal, j’aurai toutes sortes d’ennuis sur le dos… Avec ça qu’on est tendre pour nous !

Quand Louise recouvra sa connaissance, elle se plaignit d’une gêne.