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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/156

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presque inconscientes, qui la tenaient muette depuis de longs jours.

— Eh bien ! mon ami, puisque c’est tout à fait sérieux, permettez-moi de ne pas vous répondre aujourd’hui, accordez-moi quelques semaines encore… Maître est vraiment très malade, je suis moi-même troublée et vous ne voudriez pas me devoir à un coup de tête… Je vous assure, à mon tour, que j’ai pour vous beaucoup d’affection. Mais ce serait mal de se décider en ce moment, la maison est trop malheureuse… C’est entendu, n’est-ce pas ? Je ne vous ferai pas attendre longtemps.

Et, pour changer la conversation, elle ajouta :

— Oui, maître m’inquiète. Je voulais vous voir, vous dire cela, à vous… L’autre jour, je l’ai surpris pleurant à chaudes larmes, et il est certain pour moi que la peur de devenir fou le hante… Avant-hier, quand vous avez causé avec lui, j’ai vu que vous l’examiniez. Très franchement, que pensez-vous de son état ? Est-il en danger ?

Le docteur Ramond se récria.

— Mais non ! Il est surmené, il s’est détraqué, voilà tout !… Comment un homme de sa valeur, qui s’est tant occupé des maladies nerveuses, peut-il se tromper à ce point ? En vérité, c’est désolant, si les cerveaux les plus clairs et les plus vigoureux ont de pareilles fuites !… Dans son cas, sa trouvaille des injections hypodermiques serait souveraine. Pourquoi ne se pique-t-il pas ?

Et, comme la jeune fille disait d’un signe désespéré qu’il ne l’écoutait plus, qu’elle ne pouvait même plus lui adresser la parole, il ajouta :

— Eh bien ! moi, je vais lui parler.

Ce fut à ce moment que Pascal sortit de sa chambre attiré par le bruit des voix. Mais, en les apercevant tous deux, si près l’un de l’autre, si animés, si jeunes et si