Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/183

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— Eh bien ! les enfants, vous vous êtes mis d’accord ?

— Mais, sans doute, répondit Ramond, tout aussi frissonnant que lui.

— Alors, voilà qui est entendu ?

— Complètement, dit à son tour Clotilde, qu’une défaillance avait prise.

Et Pascal vint, en s’appuyant aux meubles, se laisser tomber sur son fauteuil, devant sa table de travail.

— Ah ! ah ! vous voyez, les jambes ne sont toujours pas fameuses. C’est cette vieille carcasse de corps… N’importe ! je suis très heureux, très heureux, mes enfants, votre bonheur va me remettre.

Puis, après quelques minutes de conversation, lorsque Ramond s’en fut allé, il parut repris de trouble, en se retrouvant seul avec la jeune fille.

— C’est fini, bien fini, tu me le jures ?

— Absolument fini.

Dès lors, il ne parla plus, il hocha la tête, ayant l’air de répéter qu’il était ravi, que c’était parfait, qu’on allait enfin vivre tous tranquillement. Ses yeux s’étaient fermés, il feignit de s’endormir. Mais sa poitrine battait à se rompre, ses paupières obstinément closes retenaient des larmes.

Ce soir-là, vers dix heures, Clotilde étant descendue donner un ordre à Martine, Pascal profita de l’occasion, pour aller poser, sur le lit de la jeune fille, le petit carton qui contenait le corsage de dentelle. Elle remonta, lui souhaita la bonne nuit accoutumée ; et il y avait vingt minutes que lui-même était rentré dans sa chambre, déjà en bras de chemise, lorsque toute une gaieté sonore éclata à sa porte. Un petit poing tapait, une voix fraîche criait, avec des rires :

— Viens donc, viens donc voir !