Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/231

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hérissé, hurlant d’un gémissement doux et continu. Quand il vit arriver ce visiteur, qu’il reconnut sans doute, il se tut un instant, alla se poser plus loin, puis recommença doucement à gémir.

Pascal, envahi d’une crainte, ne put retenir l’appel inquiet qui lui montait aux lèvres.

— Macquart !… Macquart !…

Personne ne répondit, la maison gardait un silence de mort, avec sa seule porte grande ouverte, qui creusait un trou noir. Le chien hurlait toujours.

Et il s’impatienta, il cria plus haut :

— Macquart !… Macquart !

Rien ne bougea, les abeilles bourdonnaient, la sérénité immense du ciel enveloppait ce coin de solitude. Et il se décida. Peut-être l’oncle dormait-il. Mais, dès qu’il eut poussé, à gauche, la porte de la cuisine, une odeur affreuse s’en échappa, une insupportable odeur d’os et de chair tombés sur un brasier. Dans la pièce, il put à peine respirer, étouffé, aveuglé par une sorte d’épaisse vapeur, une nuée stagnante et nauséabonde. Les minces filets de lumière qui filtraient à travers les fentes ne lui permettaient pas de bien voir. Pourtant, il s’était précipité vers la cheminée, il abandonnait sa première pensée d’un incendie, car il n’y avait pas eu de feu, tous les meubles autour de lui avaient l’air intacts. Et, ne comprenant pas, se sentant défaillir dans cet air empoisonné, il courut ouvrir les volets, violemment. Un flot de lumière entra.

Alors, ce que le docteur put enfin constater l’emplit d’étonnement. Chaque objet se trouvait à sa place ; le verre et la bouteille de trois-six vide étaient sur la table ; seule, la chaise où l’oncle avait dû s’asseoir portait des traces d’incendie, les pieds de devant noircis, la paille à demi brûlée. Qu’était devenu l’oncle ? Où donc pouvait-il être