Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/253

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simplement ; mais les perles avaient une rondeur, un éclat, une limpidité admirables. Cela était très fin, très pur, d’une fraîcheur exquise. Tout de suite, il l’avait vu, ce collier, au cou délicat de Clotilde, comme la parure naturelle de cette chair de soie, dont il gardait, à ses lèvres, le goût de fleur. Un autre bijou l’aurait inutilement chargé, ces perles ne diraient que sa jeunesse. Et, déjà, il l’avait pris entre ses doigts frémissants, il éprouvait une mortelle peine à l’idée de le rendre.

Pourtant, il se défendait toujours, jurait qu’il n’avait pas cinq cents francs, tandis que la marchande continuait, de sa voix égale, à faire valoir le bon marché, qui était réel. Après un quart d’heure encore, quand elle crut le tenir, elle voulut bien, tout d’un coup, laisser le collier à trois cents francs ; et il céda, sa folie du don fut la plus forte, son besoin de faire plaisir, de parer son idole. Lorsqu’il alla prendre les quinze pièces d’or, dans le tiroir, pour les compter à la marchande, il était convaincu que les affaires s’arrangeraient, chez le notaire, et qu’on aurait bientôt beaucoup d’argent.

Alors, dès que Pascal se retrouva seul, avec le bijou dans sa poche, il fut pris d’une joie d’enfant, il prépara sa petite surprise, en attendant le retour de Clotilde, bouleversé d’impatience. Et, quand il l’aperçut, son cœur battit à se rompre. Elle avait très chaud, l’ardent soleil d’août embrasait le ciel. Aussi voulut-elle changer de robe, heureuse cependant de sa promenade, racontant avec des rires le bon marché que Martine venait de faire, deux pigeons pour dix-huit sous. Lui, suffoqué par l’émotion, l’avait suivie dans sa chambre ; et, comme elle n’était plus qu’en jupon, les bras nus, les épaules nues, il affecta de remarquer quelque chose à son cou.

— Tiens ! qu’est-ce que tu as donc là ? Fais voir.

Il cachait le collier dans sa main, il parvint à le lui