Aller au contenu

Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mettre, en feignant de promener ses doigts, pour s’assurer qu’elle n’avait rien. Mais elle se débattait, gaiement.

— Finis donc ! Je sais bien qu’il n’y a rien… Voyons, qu’est-ce que tu trafiques, qu’est-ce que tu as qui me chatouille ?

D’une étreinte, il la saisit, il la mena devant la grande psyché, où elle se vit toute. À son cou, la mince chaîne n’était qu’un fil d’or, et elle aperçut les sept perles comme des étoiles laiteuses, nées là et doucement luisantes sur la soie de sa peau. C’était enfantin et délicieux. Tout de suite, elle eut un rire charmé, un roucoulement de colombe coquette qui se rengorge.

— Oh ! maître, maître ! que tu es bon !… Tu ne penses donc qu’à moi ?… Comme tu me rends heureuse !

Et la joie qu’elle avait dans les yeux, cette joie de femme et d’amante, ravie d’être belle, d’être adorée, le récompensait divinement de sa folie.

Elle avait renversé la tête, rayonnante, et elle tendait les lèvres. Il se pencha, ils se baisèrent.

— Tu es contente ?

— Oh ! oui, maître, contente, contente !… C’est si doux, si pur, les perles ! Et celles-ci me vont si bien !

Un instant encore, elle s’admira dans la glace, innocemment vaniteuse de la fleur blonde de sa peau, sous les gouttes nacrées des perles. Puis, cédant à un besoin de se montrer, entendant remuer la servante dans la salle voisine, elle s’échappa, courut à elle, en jupon, la gorge nue.

— Martine ! Martine ! Vois donc ce que maître vient de me donner !… Hein, suis-je belle !

Mais, à la mine sévère, subitement terreuse de la vieille fille, sa joie fut gâtée. Peut-être eut-elle conscience du déchirement jaloux que son éclatante jeunesse produisait chez cette pauvre créature, usée dans la résignation