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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/264

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à Clotilde en la serrant éperdument contre sa poitrine, il finit par dire qu’elle avait bien fait, qu’on ne pouvait pas vivre plus longtemps de la sorte. Ils cessèrent de parler, mais elle le sentait qui ne dormait pas, qui cherchait comme elle un moyen de trouver l’argent nécessaire aux besoins quotidiens. Telle fut leur première nuit malheureuse, une nuit de souffrance commune, où elle, se désespérait du tourment qu’il se faisait, où lui, ne pouvait tolérer l’idée de la savoir sans pain.

Au déjeuner, le lendemain, ils ne mangèrent que des fruits. Le docteur était resté muet toute la matinée, en proie à un visible combat. Et ce fut seulement vers trois heures qu’il prit une résolution.

— Allons, il faut se remuer, dit-il à sa compagne. Je ne veux pas que tu jeûnes, ce soir encore… Va mettre un chapeau, nous sortons ensemble.

Elle le regardait, attendant, de comprendre.

— Oui, puisqu’on nous doit de l’argent et qu’on n’a pas voulu vous le donner, je vais aller voir si on me le refuse, à moi aussi.

Ses mains tremblaient, cette idée de se faire payer de la sorte, après tant d’années, devait lui coûter affreusement ; mais il s’efforçait de sourire, il affectait toute une bravoure. Et elle, qui sentait, au bégaiement de sa voix, la profondeur de son sacrifice, en éprouva une violente émotion.

— Non ! non ! maître, n’y va pas, si cela te fait trop de peine… Martine pourrait y retourner.

Mais la servante, qui était là, approuvait beaucoup monsieur, au contraire.

— Tiens ! pourquoi donc monsieur n’irait-il pas ? Il n’y a jamais de honte à réclamer ce qu’on vous doit… N’est-ce pas chacun le sien… Je trouve ça très bien, moi, que monsieur montre enfin qu’il est un homme.