instant, les jambes tremblantes. Mais il voulait être héroïque, il se calma, appela sa compagne.
— Tiens ! lis cette lettre, que grand’mère me communique.
Attentivement, Clotilde lut la lettre jusqu’au bout, sans une parole, sans un geste. Puis, très simple :
— Eh bien ! tu vas répondre, n’est-ce pas ?… Je refuse.
Il dut se vaincre pour ne pas jeter un cri de joie. Déjà, comme si un autre lui-même avait pris la parole, il s’entendait dire, raisonnablement :
— Tu refuses, ce n’est pas possible… Il faut réfléchir, attendons à demain pour donner la réponse ; et causons, veux-tu ?
Mais elle s’étonnait, elle s’exaltait.
— Nous quitter ! et pourquoi ? Vraiment, tu y consentirais ?… Quelle folie ! nous nous aimons, et nous nous quitterions, et je m’en irais là-bas, où personne ne m’aime !… Voyons, y as-tu songé ? ce serait imbécile.
Il évita de s’engager sur ce terrain, il parla de promesses faites, de devoir.
— Rappelle-toi, ma chérie, comme tu étais émue, lorsque je t’ai avertie que Maxime se trouvait menacé. Aujourd’hui, le voilà battu par le mal, infirme, sans personne, t’appelant près de lui !… Tu ne peux le laisser dans cette position. Il y a là, pour toi, un devoir à remplir.
— Un devoir ! s’écria-t-elle. Est-ce que j’ai des devoirs envers un frère qui ne s’est jamais occupé de moi ? Mon seul devoir est où est mon cœur.
— Mais tu as promis. J’ai promis pour toi, j’ai dit que tu étais raisonnable… Tu ne vas pas me faire mentir.
— Raisonnable, c’est toi qui ne l’es pas. Il est déraisonnable de se quitter, quand on en mourrait de chagrin l’un et l’autre.