une fortune l’attendaient là-bas ; il ne pouvait pousser son égoïsme sénile jusqu’à la garder davantage, dans sa misère et sous les huées. Et, défaillant, à la sentir si adorable entre ses bras, si confiante, en sujette qui s’était donnée à son vieux roi, il faisait le serment d’être fort, de ne point accepter le sacrifice de cette enfant, de la rendre au bonheur, à la vie, malgré elle.
Dès lors, la lutte d’abnégation commença. Quelques jours se passèrent, et il lui avait fait si bien comprendre la dureté de son : Je refuse, sur la lettre de Maxime, qu’elle avait écrit à sa grand’mère longuement, pour motiver son refus. Mais elle ne voulait toujours pas quitter la Souleiade. Comme il en était venu à une grande avarice, afin d’entamer le moins possible l’argent des bijoux, elle renchérissait encore, mangeait son pain sec avec de beaux rires. Un matin, il la surprit donnant des conseils d’économie à Martine. Dix fois par jour, elle le regardait fixement, se jetait à son cou, le couvrait de baisers, pour combattre cette affreuse idée de la séparation, qu’elle voyait sans cesse dans ses yeux. Puis, elle eut un autre argument. Après le dîner, un soir, il fut pris de palpitations, il faillit s’évanouir. Cela l’étonna, jamais il n’avait souffert du cœur, et il crut simplement que ses troubles nerveux revenaient. Depuis ses grandes joies, il se sentait moins solide, avec la sensation singulière de quelque chose de délicat et de profond qui se serait brisé en lui. Elle, tout de suite, s’était inquiétée, empressée.
Ah bien ! maintenant, il ne lui parlerait sans doute plus de partir ? Quand on aimait les gens et qu’ils étaient malades, on restait près d’eux, on les soignait.
Le combat devint ainsi de toutes les heures. C’était un continuel assaut de tendresse, d’oubli de soi-même, dans l’unique besoin du bonheur de l’autre. Mais lui, si l’émotion de la voir bonne et aimante rendait plus atroce