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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/294

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surprise de voir entrer sa grand’mère Félicité. La veille, Pascal l’avait rencontrée rue de la Banne, et, impatient de consommer le sacrifice, ne trouvant pas en lui la force de la rupture, il s’était confié à elle, malgré ses répugnances, en la priant de venir le lendemain. Justement, elle avait reçu une nouvelle lettre de Maxime, tout à fait désolée et suppliante.

D’abord, elle expliqua sa présence.

— Oui, c’est moi, mignonne, et pour que je remette les pieds ici, il faut, tu le comprends, que de biens graves raisons me déterminent… Mais, en vérité, tu deviens folle, je ne peux pas te laisser ainsi gâcher ton existence, sans t’éclairer une dernière fois.

Elle lut tout de suite la lettre de Maxime, d’une voix mouillée. Il était cloué dans un fauteuil, il semblait frappé d’une ataxie à marche rapide, très douloureuse. Aussi exigeait-il une réponse définitive de sa sœur, espérant encore qu’elle viendrait, tremblant à l’idée d’en être réduit à chercher une autre garde-malade. Ce serait pourtant ce qu’il se verrait forcé de faire, si on l’abandonnait dans sa triste situation. Et, quand elle eut terminé sa lecture, elle donna à entendre combien il serait fâcheux de laisser aller la fortune de Maxime en des mains étrangères ; mais, surtout, elle parla de devoir, du secours qu’on doit à un parent, en affectant, elle aussi, de prétendre qu’il y avait eu une promesse formelle.

— Mignonne, voyons, fais appel à ta mémoire. Tu lui as dit que, s’il avait jamais besoin de toi, tu irais le rejoindre. Je t’entends encore… N’est-ce pas, mon fils ?

Pascal, depuis que sa mère était là, se taisait, la laissait agir, pâle et la tête basse. Il ne répondit que par un léger signe affirmatif.

Ensuite, Félicité reprit toutes les raisons qu’il avait lui-même données à Clotilde : l’affreux scandale qui