Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/163

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pouvait se cacher davantage, lorsqu’elle se confiait si franchement à lui. Cela devenait déloyal. Il hésitait pourtant, dans la crainte de la perdre, si elle s’inquiétait de l’avenir, en le connaissant enfin. Et elle attendait qu’il parlât, de nouveau malicieuse, malgré elle.

À voix très basse, il continua :

— J’ai menti à vos parents.

— Oui, je sais, dit-elle, souriante.

— Non, vous ne savez pas, vous ne pouvez savoir, cela est trop loin… Je ne peins sur verre que pour mon plaisir, il faut que vous sachiez…

Alors, d’un geste prompt, elle lui mit la main sur la bouche, elle arrêta sa confidence.

— Je ne veux pas savoir… Je vous attendais, et vous êtes venu. Cela suffit.

Il ne parlait plus, cette petite main sur ses lèvres le suffoquait de bonheur.

— Je saurai plus tard, quand il sera temps… Puis, je vous assure que je sais. Vous ne pouvez être que le plus beau, le plus riche, le plus noble, car ce rêve-là est le mien. J’attends bien tranquille, j’ai la certitude qu’il s’accomplira… Vous êtes celui que j’espérais, et je suis à vous…

Une seconde fois, elle s’interrompit, dans le frémissement des mots qu’elle prononçait. Elle n’était pas seule à les trouver, ils lui arrivaient de la belle nuit, du grand ciel blanc, des vieux arbres et des vieilles pierres, endormis dehors, rêvant tout haut