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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/166

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À sa droite, elle avait cru entendre un léger bruit, tandis que ses cheveux s’envolaient, bien que pas un souffle de vent ne fût entré. N’était-ce pas Agnès qui s’en allait la dernière, chassée par le soleil ?

— Non, laissez-moi, je vous en prie… Il fait si clair maintenant, j’ai peur.

Alors, Félicien, obéissant, se retira. Être aimé, cela dépassait son désir. À la fenêtre pourtant, il se retourna, il la regarda longuement encore, comme s’il voulait emporter en lui quelque chose d’elle. Tous deux se souriaient, baignés d’aube, dans cette caresse prolongée de leur regard.

Une dernière fois, il lui dit :

— Je vous aime.

Et elle répéta :

— Je vous aime.

Ce fut tout, il était descendu déjà par les charpentes, avec une agilité souple, tandis que, demeurée sur le balcon, accoudée, elle le suivait des yeux. Elle avait pris le bouquet de violettes, elle le respirait pour dissiper sa fièvre. Et, quand il traversa le Clos-Marie et qu’il leva la tête, il l’aperçut qui baisait les fleurs.

Félicien avait à peine disparu derrière les saules, qu’Angélique s’inquiéta, en entendant, au-dessous d’elle, ouvrir la porte de la maison. Quatre heures sonnaient, on ne s’éveillait jamais que deux heures plus tard. Sa surprise augmenta, lorsqu’elle re-