Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/176

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cortège s’immobilisait depuis deux minutes, et il s’empressa de regagner la tête, tout en saluant les Hubert d’un sourire, au passage.

— Qu’ont-ils donc à ne pas marcher ? dit Angélique, qu’une fièvre prenait, comme si elle eût, à l’autre bout, là-bas, attendu son bonheur.

Hubertine répondit de son air calme :

— Ils n’ont pas besoin de courir.

— Quelque encombrement, peut-être un reposoir qu’on achève, expliqua Hubert.

Les filles de la Vierge s’étaient mises à chanter un cantique, et leurs voix aiguës montaient dans le plein air, avec une limpidité de cristal. De proche en proche, le défilé s’ébranla. On repartit.

Maintenant, après les laïques, le clergé commençait à sortir de l’église, les moins dignes les premiers. Tous, en surplis, se couvraient de la barrette, sous le porche ; et chacun tenait un cierge allumé, ceux de droite, de la main droite, ceux de gauche, de la main gauche, en dehors du rang, double rangée de petites flammes mouvantes, presque éteintes dans le plein jour. D’abord, ce fut le grand séminaire, les paroisses, les églises collégiales ; puis, vinrent les clercs et les bénéficiaires de la cathédrale, que suivaient les chanoines, les épaules couvertes de pluviaux blancs. Au milieu d’eux, se trouvaient les chantres, en chapes de soie rouge, qui avaient commencé l’antienne, à pleine voix, et auxquels tout le clergé